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mardi 28 octobre 2008

Capitalisme, libéralisme… humanisme : Discours de François Bayrou 26 octobre 2008 - MoDem

Un long discours qui est passé en partie à la radio et qui n'a pas eu la retransmission des médias traditionnels qu'il faudrait lui accorder

Je donne juste un extrait qui donne le ton : Capitalisme, libéralisme… humanisme

Capitalisme... si les mots ont un sens, cela veut dire que, pour les sociétés, l'essentiel est dans le capital, dans l'accumulation du capital, dans la recherche du profit qui rémunère le capital. C'est le capital qui commande et c'est le profit qui donne le sens. Tous les discours visent en réalité à cela.

Je regrette, mais, alors, que l'on nous explique que notre pays doit entrer dans le rang et adhérer à ce capitalisme soi disant refondé comme projet de société… Je regrette d'avoir à le dire à l’actuel Président de la République française, mais l'adhésion au capitalisme comme modèle de société est à peu près le contraire de ce que nous pensons, de ce que nous voulons, de ce que nous espérons ; le contraire de ce que nous avons cherché, pas seulement comme famille politique, mais comme nation française et comme civilisation européenne, depuis que nous avons conscience que l'Histoire ne consistait pas à subir, mais à construire.

Croyez moi, si le Général de Gaulle était là, croyez-vous qu'il laisserait dire que le capitalisme, refondé ou pas, est l'idéal de la France ?!…

Voyez-vous, les mots ne sont pas choisis au hasard et, voulez-vous que je vous dise, même le libéralisme est autre chose. Libéralisme, cela veut dire que l'on met en premier la liberté.

On peut discuter du système. On sait qu'il a des défauts, des faiblesses, on peut avoir des nuances, mais au moins, on peut honorer la liberté, la mettre au nombre des valeurs.

Cependant, excusez-moi, on ne peut pas mettre le capital et le profit au nombre des valeurs qui fondent une vie.

Nous, nous savons ce que nous mettons en premier et, ce que nous mettons en premier, ce n'est pas l'argent, c'est l'être humain. C'est pourquoi nous n'adhérons pas au capitalisme. Nous adhérons à l'humanisme et nous considérons que, sur bien des points, le capitalisme est en contradiction avec l'humanisme.

Cela dépend de ce que l'on veut transmettre aux enfants : le respect de l'argent ou le respect de l'homme. Cela dépend de ce que l'on voit en l'homme : uniquement un producteur et un consommateur -notamment un consommateur de crédit, ou une personne, une mère, un père, un éducateur, qui transmet, quelqu'un qui donne aussi et pas seulement qui vend et qui achète.

Tout cela n'a rien d'abstrait. Je vais vous en donner un seul exemple d'actualité. Si vous faites adhérer la France au capitalisme comme projet de société, alors la question du travail du dimanche ne se pose pas. La question est réglée et tranchée d'avance.

C'est plus pratique de pouvoir consommer tous les jours, sans répit du matin jusqu'au soir et de faire des grands magasins le but de la promenade dominicale, en tout cas de la promenade dominicale de tous ceux qui ont assez d'argent pour ne pas être obligés de travailler le dimanche.

Cependant si vous considérez la question, non pas sous l'angle capitaliste, mais sous l'angle humaniste, alors vous voyez les choses d'une toute autre manière, et vous considérez comme fondamental, pas traditionnel, pas habituel, mais fondamental, qu'il y ait dans la semaine, un jour pour la plupart des Français durant lequel ils puissent montrer aux enfants qu'il y a autre chose dans la vie que de consommer et d'acheter, un jour où il est bien, où il est heureux, indispensable en tout cas, que tout le monde, en tout cas que le plus grand nombre possible, puisse se reposer, tout comme les vendeuses et les metteurs en rayon qui commencent à 5 heures du matin, qu'il y ait un jour sur sept au moins où la déesse Consommation puisse être ramenée à sa juste place et qui ne doit pas être la première, un jour pour le verbe Être et pas pour le verbe Avoir.

J'étais cette semaine, comme Olivier Henno l'a rappelé, dans le Nord, à Lille, à Faches Tumesnil. Plus exactement dans une grande surface où j'ai passé la matinée, depuis 7 heures du matin jusqu'à midi, avec tout le personnel pendant leur travail.

Les metteurs en rayon sont ceux qui font les paquets, ceux qui préparent longtemps avant l'heure d'ouverture de la grande surface.

J'ai parlé avec eux et j'ai été très frappé car, pas trop fort, et même le plus doucement possible, car elles ne savaient pas très bien ce que leur Direction en pensait, les femmes me demandaient ce que je pensais du travail du dimanche.

Comme je leur faisais la réponse que je viens de vous faire ou à peu près, elles me répondaient : "S'il vous plait, ne laissez pas faire cela car -disaient-elles- ce sont des histoires, le volontariat, car lorsqu’on est employé, si l'on doit élever des enfants et si on est seule pour le faire, on n'a pas le choix".

En plus, elles ajoutaient avec bon sens que, comme les euros dépensés le dimanche, on ne les dépensera pas les autres jours de la semaine, alors les emplois créés le dimanche seront supprimés les autres jours de la semaine.

C'est un jeu à somme nulle, mais il y a des enfants qui ne verront plus leur maman pendant le week-end et, naturellement, ce ne seront pas les plus favorisés…

C'était un extrait de la Conférence nationale : Discours de clôture de François Bayrou du 26 octobre 2008

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